2020

Insolite

Assise sur le rebord de ma fenêtre, j’écris. Cloisonnée entre les quatre murs blancs, je regarde le petit quartier ordinaire situé au dessus de la ville.

Le quotidien est un peu ennuyant même si il n’est pas totalement déplaisant. L’idée de rester chez moi ne me dérange pas même si un manque naît en moi. Ne plus faire de rencontres ni de découvertes me donne ce sentiment étrange de claustrophobie. L’envie de partir au loin, dans un monde où les personnages seraient plus intriguant et la situation plus intéressante est des plus alléchante. Comme consolation et pour briser toute illusion, quelques appels vidéos à des amis de l’autre côté du monde, me confirment que là-bas aussi, leur monde est paralysé entre la panique et l’ennui.

Petite, j’aimais imaginer toutes sortes de jeux & aventures incroyables qui me permettais de vivre une réalité différente. Là, dans cette petite pièce, je me dois de trouver des solutions créatives pour résoudre les projets qui sont restés dehors alors que nous sommes dedans.

Pour compliquer le scénario, les effets des vaccins contre l’hépatite et les maux de tête qui me sont tombés dessus me mettent dans un drôle d’état. Ma tête tourne et mon corps me dit de ne rien faire, se battant avec la raison qui demande d’essayer quand même.

Le chéri de ma soeur rentre de la pêche. Il a attrapé un poisson qu’il a décidé de relâcher aussitôt. Elle cuisine de bons plats, s’occupant pour distraire son esprit, qui a pour habitude d’être stimulé, à résoudre mille et un défis que ses élèves aux capacités limitées lui créent tous le temps. Quand à ma mère, elle rentre des courses choquées par l’attitude des gens, elle qui n’était pas sortie depuis le confinement.

La fatigue de mon état me pousse à apprivoiser cette banalité, à tenter de la rendre intéressante. Ma chambre se transforme alors en un studio photo, le mur en fond, la fenêtre en soft box et moi en trépied pour cet appareil photo qui me parait être un peu trop lourd pour mes deux bras endoloris par les piqûres du vaccins.

C’est alors que je commence, en cette matinée à créer les premières images de cette série de portraits fictifs, des personnages d’un jour un peu absurde, inspiré du réel. Un patchwork visuel qui me donne un petit goût d’ailleurs et d’extra-ordinaire.